Ma chronique  

Une île sauvage du Sud de l’Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C’est dans ce décor que Jim décide d’emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d’échecs personnels, il voit là l’occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu’il connaît si mal. La rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu’au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin.  

Il suffira de trois pages pour que l’on passe d’une gentille retraite en pleine nature, à un drame d’une violence inouïe. Au coeur de ce roman, une ambiance étouffante entre père et fils qui ne cesse de s’intensifier jusqu’au point de non retour. Au grés des mots buts et désinvolte de l’auteur, on s'enfonce dans l'esprit torturé d'un homme. On plonge dans une incontrôlable folie. L'angoisse est l'ingrédient principal de ce roman sombre, dur, troublant et qui clairement nous retourne l'estomac. Délicieusement fascinant.

Ma chronique  

Quand j'ai finalement rattrapé Abraham Trahearne, il était en train de boire des bières avec un bouledogue alcoolique nommé Fireball Roberts dans une taverne mal en point juste à la sortie de Sonoma, en Californie du Nord ; en train de vider le cœur d'une superbe journée de printemps. Trahearne en était à près de trois semaines de foire et de balade, et avec ses fringues kaki toutes fripées, le grand homme ressemblait à un vieux soldat au bout d'une longue campagne qui essaierait de faire durer ses bières pour faire passer le goût de mort qu'il avait dans la bouche.  

Voici un polar complètement imprévisible à base de whisky et de chien alcoolo. Un peu barré ? Certes mais quoi de mieux pour s’évader de son huis-clos terriblement normal ? Tout l’attrait du Dernier baiser réside dans l’hardiesse de l’auteur à allier situations grotesques et écriture poétique. Oui, ce roman est de ceux que l’on oublie jamais vraiment. L'humour est corrosif et poisseux. Refermez le livre, c’est à peine si vous n’aurez pas encore quelques vapeurs d'alcool…

Ma chronique  

Un manoir obscur et fascinant, dans une cité hors du temps. Celui qu’on appelle l’Ogre attire à lui des proies presque consentantes pour les aimer puis les tuer. Mais d’où viennent ces femmes ? Pourquoi se donnent-elles à lui ? Elles le racontent dans les carnets qu’elles laissent derrière elles et que Féléor assemble en un curieux livre – ses Sangs.
Mercredi, Constance, Abigaëlle, Frida, Phélie, Lottä, Marie : sept femmes, et autant d’expériences du désir et de la mort, sept écritures qui disent la féminité, le narcissisme, la soumission tantôt feinte, tantôt amusée.
Polyphonique et amorale, poétique et sulfureuse, cette réinterprétation virtuose du conte de Barbe bleue, par Audrée Wilhelmy, n’est pas pour les enfants.  

Entre un psychopathe narcissique et ses épouses destructrices, ce conte revisité sonne étrangement contemporain. On découvre les pensées les plus profondes de chacune de ses sept épouses, leurs fantasmes les plus impudiques et leurs névroses. A chaque chapitre, on croit franchir une frontière entre la folie et la raison. Le désir, le jeu et la mort se confondent pour tirer des rapports humains tout ce qu'il y a de plus cru, de plus pervers. Un texte qui donne la fièvre !