La couleur de l'incendie : tout vient à point à qui sait attendre...

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Comment rivaliser avec la grandeur d'Au revoir là-haut ? Avec La couleur de l'incendie, Pierre Lemaître reprend les codes du roman historique et propose une suite un peu moins fantasque, mais toujours animée par le désir de justice et de revanche.
Entre scandales, corruption et trafics d'influence, plongée dans l'époque troublée des années 30.  

La quatrième de couverture…  

Février 1927. Le Tout-Paris assiste aux obsèques de Marcel Péricourt. Sa fille, Madeleine, doit prendre la tête de l'empire financier dont elle est l'héritière, mais le destin en décide autrement. Son fils, Paul, d'un geste inattendu et tragique, va placer Madeleine sur le chemin de la ruine et du déclassement.

Face à l'adversité des hommes, à la cupidité de son époque, à la corruption de son milieu et à l'ambition de son entourage, Madeleine devra déployer des trésors d'intelligence, d'énergie mais aussi de machiavélisme pour survivre et reconstruire sa vie. Tâche d'autant plus difficile dans une France qui observe, impuissante, les premières couleurs de l'incendie qui va ravager l'Europe.  

Ne jamais perdre de vue l'objectif !  

Il a suffit d'à peine une seconde pour que la vie de la famille Péricourt ne bascule. Une après-midi d'hiver, alors que Marcel Péricourt, le patriarche s'apprête définitivement à faire ses adieux à ce monde, s'élance du balcon un petit oiseau inattendu. Un geste qui n'est pas sans rappeler le terrible choix son fils Edouard, sept années auparavant. C'est de cette tragédie répétitive que Pierre Lemaître ouvre une brèche vers la descente aux enfers. Pouvait-on rêver plus bel hommage à Au revoir là haut ?

Handicap, faillite, déclassement, honte… la fatalité submerge les Péricourt. C'est la fin d'une époque, la fin grandiloquente d'une famille riche et respectée. Mais doit-on vraiment se fier aux apparences ?

Si Au revoir là haut se concentrait principalement sur des personnages masculins, La couleur de l'incendie fait cette fois-ci la part belle aux femmes, et tout ce qu'elles ont de plus acharné. Madeleine Péricourt tout d'abord, qui nous avait pourtant semblée si fragile dans le premier livre. Fragile ? Vraiment ? Parmi les subtilités de Pierre Lemaître, certains avaient probablement déjà décelé une personnalité revancharde. Ce nouveau récit nous confirme sa loyauté et sa droiture, car en parfaite femme du monde Madeleine suit les règles… mais les siennes ! Au fil des drames, elle se libère, se renforce, s'émancipe jusqu'à devenir une redoutable manipulatrice. Léonce, ensuite la jeune servante avide de luxe et de grand train, prête à tout pour se remplir les poches. Ou encore Vladi, cette étrange infirmière polonaise ronde et généreuse que rien ne semble pouvoir arrêter.

L'intelligence de Pierre Lemaître tient à sa facilité à dépeindre les turpitudes d'une époque. En toile de fond, une chronique de l'entre-deux-guerres, rythmée par la montée des fascisme, la crise, l'affirmation du capitalisme, et cette vague nazie qui s'apprête à submerger l'Europe… Sa plume est alerte, grinçante, ironique, cynique. Et au coeur de ses lignes, les bas instincts de l'être humain. Car soyons en tous persuadés, l'homme est prêt à tout pour retrouver sa dignité.

Le seul regret ? Une narration toujours brillante et pleine de peps, mais peut-être légèrement moins entrainante que sur le premier opus.  

Pour résumer…  

Un récit plus tourné vers l'humour que vers l'émotion mais qui nous séduit toujours par sa pertinence. A travers La couleur de l'incendie, Pierre Lemaître campe des personnages intuitifs et persévérants, animés chacun à leur façon par une forme de loyauté -aux autres ou à soi-même-. On est loin d'être déçus !  


Ma note…  

14/20  

La couleur de l'incendie
Pierre Lemaître 
672 p. Livre de poche, 9,20 €


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